Retour sur la journée toulonnaise – prévention accidents de plongée 2018

in Culture

Liste des intervenants lors de la conférence d’ouverture:

Sébastien Borrel Adjoint au chef de bureau de la protection du public, de la promotion de la santé et prévention du dopage, Direction des Sports
Peggy Froger Conseillère technique et pédagogique supérieur sports à la DDCS Var
Dr Mathieu Coulange Chef de service pôle réanimation Urgence SAMU Hyperbare (RUSH) CHU Sainte-Marguerite Marseille
Dr Pierre Louge Médecin, Service de médecine hyperbare et expertise plongée de HIA Sainte-Anne Toulon et Genêve
Dr Muriel Vergne SAMU coordination médicale maritime SCMM
Dr Sébastien de Maistre Médecin adjoint, Service de médecine hyperbare et expertise plongée de HIA Sainte-Anne Toulon
Nicolas Maire Chef du service Opérations-Sauvetage du CROSSMED

“Un plongeur est un noyé déshydraté hypothermique en devenir.”

La conséquence dépend de si l’on a su connaitre ses limites et savoir s’écouter avant, ou intervenir après. La plongée sous toutes ses formes (apnée, chasse sous-marine, plongée bouteilles ou SCUBA, recycleurs, actuellement les narghilés et autres pratiques) est, ne l’oublions pas, un sport classé à risques et pourtant ouvert à des non sportifs… bien souvent sans formation et sans informations.

Cette 1ere journée nationale de Prévention des Accidents de Plongée organisée le 30 mars dernier au Palais Neptune à Toulon n’est en fait pas la première du genre. Cela fait 7 ans que dans le cadre de la politique de prévention des accidents dans les activités sportives, le Service de Coordination Médicale Maritime SCMM (Samu 83), le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage de Méditerranée (CROSSMED), le Service de Médecine Hyperbare et d’Expertise de l’Hôpital Sainte Anne (Toulon), et la Direction Départementale de la Cohésion Sociale de Var organisent des formations sur la prévention des accidents de plongée et la sécurité de la pratique… Mais cette fois l’évènement se voulait prendre une ampleur nationale pour toucher les acteurs principaux afin qu’ils partagent au mieux pour Préparer, s’Equiper, Alerter (PEA) : des intervenants de premiers secours comme les gendarmes et les pompiers, le préfet maritime, le préfet du Var, représentants du Ministère des Sports, des responsables de structures commerciales venus de la France entière, des encadrants bénévoles, tout comme les pratiquants qui veulent en savoir plus, dont je fais partie.

Le nombre d’accidents ou d’incidents a fortement décru du fait du travail des clubs, de l’encadrement à la classification, avec la formation et l’exercice réguliers. Actuellement ce sont surtout les plongeurs isolés et l’apnée libre qui forment le gros des cas médicalisés (information entendue sur place…).

Au Palais Neptune, public à profils différents mais tous animés de la passion pour la plongée

300 personnes étaient présentes, pourquoi pas vous aussi la prochaine fois ? Et pourquoi dans le Var ? Car tout simplement, c’est la première destination de plongée européenne (>400 000 plongées par an) avec 43% des accidents en Méditerranée (36 décès sur 132 accidents recensés en 2017, dont seulement 7 en SCUBA du fait des soins spécialisés prodigués) !
132 sur 400 000… c’est peu mais toujours trop. Et encore, malgré l’obligation (code du sport) tous les accidents ne sont pas répertoriés car certaines structures évitent de notifier des ADD (accidents de décompression) dus à des « bulles » dans le sang qui prennent de l’espace et bouchent les canalisations comme les vaisseaux sanguins lors de la remontée.
Pourtant, c’est une bonne publicité que de savoir prendre soin de ses clients et de savoir réagir dans les cas d’urgence.

Du fait de leur expérience avec les caissons de décompression et traitements spécialisés, les acteurs de l’hôpital militaire de Sainte-Anne et l’hôpital Sainte-Marguerite (Marseille) ainsi que le SCMM83 et le CROSSMED ont pu mettre au point une chaine d’alerte et de réaction efficace, qui est généralisée à la France entière, avec fiche de prise d’alerte uniformisée.

Ceci a pour but un gain de temps. Le temps de réaction est LA donnée majeure pour l’efficacité : 93 minutes ont été prises en moyenne en 2017 de l’alerte au centre de soins. Cela peut sembler énorme mais réfléchissons au fait que prendre les informations et les avoir disponibles au moment de passer l’alerte fait souvent gagner un temps considérable. Imaginez si vous ne saviez pas indiquer le lieu exact en cas de soucis immédiat !

Au fil d’ateliers présentant par les personnels impliqués les gestes à tenir par le plongeur responsable, la journée a été riche en informations : rappels des procédures d’alerte et des premiers secours bien que tous les encadrants aient normalement la certification pour ce faire (PSE1), informations sur les pratiques d’évacuations « comme si vous y étiez » pour mieux réagir, données médicales adaptées aux cas particuliers que sont les plongeurs et même apports des réglementations en vigueur ou à venir !
La clôture de cette journée avec un « buffet dinatoire » a permis de discuter ensuite de tous ces sujets avec les intervenants et entre pratiquants.

Petites informations importantes il me semble, glanées çà et là pour les curieux qui ont pu lire jusqu’ici :

1) Quand l’un des plongeurs indique des problèmes au pubis et avoir des difficultés à uriner, tout comme le « mal de dos habituel qui se réveille » ou les picotements des membres, c’est à prendre comme des symptômes a priori d’ADD sévère avec œdème médullaire ou cervical ! (outre les signes habituels de perte d’équilibre, essoufflement etc. symboles du classique œdème pulmonaire potentiel)

2) La présence de sécurité de surface organisée sera obligatoire même si le DP (directeur de plongée) responsable est à l’eau : une personne au moins devra rester à bord pour le groupe de bateaux présents (dans les 200m de rayon), doit être capable de garder un appareil manœuvrable, de passer l’alerte et prodiguer les soins ! C’est normal, pour garder un support flottant de sécurité, mais cela va obliger les petites structures ou les plongeurs indépendants à s’organiser…

3) La méthode de préconditionnement a fait ses preuves pour des plongées engagées et successives : fini le temps de la plongée sans efforts! Les bulles apparaissent souvent 1h après la plongée, et si elles sont déjà là le problème est déjà présent… éviter les bulles avant = permettre la plongée suivante :
-Un effort physique avant la plongée limite le nombre de bulles circulantes (tests de footings ou autres 24h-2h-45min avant la plongée avec résultats probants, mais attention à ne pas plonger en effort soutenu) avec hydratation pour prévenir l’hypovolémie due à l’immersion.
-L’exposition à la chaleur (30min à 65°c 1h avant la plongée par exemple) a un effet vasodilatateur diminuant les risques d’ADD.
-La préoxygénation (O2 10L/min 30min avant par exemple) a un effet rémanent de non formation de bulles sur 2h et des plongées multiples.
-L’hyperhydratation (1,3L + 2g sel + 30g sucre 90min avant par ex.) fait passer le nombre de bulles de 19% (témoin) à 4%!

En bref, pour plonger mieux maintenant, il faut marcher, porter, avoir chaud, s’hydrater… bravo les plongeurs spéléo!


Stand du Musée Frédéric-Dumas, Sanary sur Mer – 1er scaphandre à casque Chevalier de Beauve (original de 1715)


Avec le premier caisson de decompression (en jaune), le plongeur devait se sentir très seul…

Atelier sur l’alerte et les contraintes du sauvetage avec CROSSMED et SCMM – Salle Raimu 2, Palais Neptune, Toulon

Atelier d’intervention et gestes de premiers secours – Salle Raimu 1, Palais Neptune, Toulon

Site officiel avec les interviews des différents intervenants disponibles:
http://www.var.gouv.fr/journee-nationale-de-la-securite-et-de-la-a6923.html

Texte et photos fournis par Jérémy DELILLE

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