AZOTH SYSTEMS – La décompression personnalisée

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« Mais, elle a fait un malaise après sa plongée alors qu’elle a respecté les indications du directeur de plongée faites avec les tables, et de son ordi.! »

Je resterai correct dans le vocabulaire utilisé dans cet article car ici les articles sont de lecture ciblée pour tous publics, bien que le plongeur-type utilise habituellement pour ce type d’incidents un vocabulaire plus imagé et agrémenté de salves d’interjections, voire de gestes hostiles, pour exprimer son énervement (j’imagine que beaucoup d’entre vous comprennent ce que je veux dire). C’est peut-être pour « économiser du temps dans un milieu hostile » qu’on a pris l’habitude d’exprimer en peu de mots le fond de notre pensée, de façon claire et précise pour que tous comprennent…
Oui, ces phrases « même si » « alors que » sont malheureusement assez récurrentes dans les services de soin des accidents de décompression (ADD) avant les traitements en caisson hyperbare… Certains accidents restent inexpliqués et ce même si beaucoup de causes d’accidents peuvent être facilement identifiées par erreur humaine (mauvais entretien du matériel, dégâts physiques avec les câbles flottants, cognage de tête sous le bateau à la remontée car manque d’observation en étant attentif à son apprenant -c’est du vécu -…).
Cela veut-il dire que les ordinateurs et les tables disent des bêtises ?
Peut-être pas… Ces tables (MN90, BSAC, PADI…) et ces algorithmes (Bühlmann le plus souvent, RGBM, ZHL-16 B etc.) sont basés sur des occurrences d’ADD avec une quantité de plongées analysée dans des conditions connues telles celles de l’US Navy 08.
(NDA : pardon pour la quantité d’acronymes, et encore, c’est peu en une seule phrase comparé aux discussions dans l’EN…)
Des occurrences d’accidents, qui ont été reportées pour le plus grand nombre de plongeurs avec la physiologie de tout à chacun.
Oui encore, n’oublions tout de même pas que nous sommes des êtres uniques ! Tout le monde n’est pas conçu dans le même moule, avec les mêmes chances (ou malchances) de formation de bulles dans la circulation en plongée avec décompression : tout le monde fait des microbulles lors d’une plongée, c’est le principe, mais chacun a un seuil de tolérance en taille/surface et une probabilité de formation/stockage !
Les petites quantités d’azote majoritairement, entrées tout simplement par capillarité, sans transporteur particulier à l’inverse des cas du dioxyde de carbone (CO2) ou du dioxygène (O2), et mettant du temps à ressortir après leur balade et dispersion tout au long de la durée de la plongée, changent de volume selon la pression à laquelle le corps est soumis au cours de celle-ci.
Ce sont en effet ces bulles circulantes, entrées petites (faible volume en profondeur) d’azote dilué et reprenant du volume gazeux avec la remontée et donc la baisse de pression, qui peuvent bloquer le cheminement du sang dans les petits vaisseaux irriguant certaines zones du cerveau et des organes indispensables… Et vous savez ce que l’on dit, « pas de sang, pas de… », eh bien, plus rien en fait, dans certains cas malheureux…
Nous ne sommes pas tous égaux face à l’ADD et les ordinateurs offrent une variabilité de réglages souvent peu indicative pour l’adapter à son propre cas. Une décompression personnalisée serait donc un graal à atteindre.
C’est de là qu’est née la réflexion d’Azoth Systems www.azoth-systems.com/ (ex-BF systèmes, extension grand public oblige) pour la conception du projet O’Dive, arrivant à maturité dans ces prochaines semaines…

O’DIVE - Performances pro. au service de la plongée loisir connectée

O’Dive est un petit appareil qui se loge dans le creux de la main et qui une fois pressé contre la clavicule prend des mesures acoustiques par effet Doppler (le changement de son de la voiture qui passe devant nous) au passage de bulles, les dénombrant dans la veine passant dessous ! Le volume de gaz libres dans le sang et surtout la surface en résultant sont estimés sans pilule, sans piqûre, sans douleur !
Une fois lié à l’application smartphone lancée pour analyser ses mesures, O’Dive permet d’obtenir des informations sur sa propre procédure de plongée pour une optimisation de sa pratique personnelle, par simulation en modèle individualisé.

Je vais expliquer, mais reprenons l’histoire.
Azoth Systems est à l’origine une entreprise basée sur le service aux grandes entreprises utilisant quotidiennement les moyens de la plongée professionnelle, dans le but d’améliorer la sécurité vis-à-vis du risque d’accidents de plongée (Total, Défense, grandes entreprises…). 90% du chiffre d’affaire est ainsi fait à l’international, et particulièrement avec l’Asie qui accroit particulièrement ces dernières années ses investissements dans le domaine de la plongée.
Quoi ? N’ai-je pas parlé auparavant de plongées dans des conditions connues ? Quoi de mieux que la Défense et les professionnels pour respecter parfaitement les paramètres de plongée et donc fournir une base de données exploitables d’individus exposés à des accidents (=respect du protocole scientifique de validité des données) ?
Durant 10 ans, après 2 M€ dépensés en Recherche et Développement (…millions ! Financés par l’activité d’Azoth Systems avec ajout de la levée de fonds classique pour son développement, objectif réalisé par la potentialité de ces recherches et non pas par crowdfunding comme c’est actuellement la mode pour des idées souvent peu réalisables…) et plusieurs millions de données de diverses sources, l’équipe de Azoth Systems semble avoir pu établir le rapport statistique entre bulles post-plongée et sévérité de la plongée.

En effet, les bulles, voie naturelle pour notre organisme d’évacuer la charge en gaz accumulée, apparaissent généralement entre 20 minutes et 1 heure après la plongée, avec l’accumulation de microbulles qui s’additionnent et gagnent en volume par décompression.
Avec leurs 150 ans d’expérience,… Oui une nouvelle fois, la plongée loisir sous sa forme actuelle date de la fin du 20e siècle, mais cette équipe est dotée actuellement de 8 personnes expérimentées mettant leurs ressources en commun : ingénieur de l’Ecole Navale et plongeur d’armes, ex-directeur scientifique de la COMEX, experte en traitement du signal, biotechnicien hyperbariste, docteur en modélisation biophysique de la décompression, médecins, mais aussi bien entendu directeur des ventes maintenant que le produit est matérialisé…
Avec leurs 150 ans d’expérience cumulée, donc, ils ont développé ce système de capteur de bulles post-plongée, qui avec les paramètres de plongée (profondeur, temps passé,..) et données de terrain (température…) provenant directement de l’ordinateur ou rentrés via questionnaire comme la taille et le poids du plongeur (vivement le capteur automatique), peut analyser cette somme de données en temps différé (après la plongée) directement sur le serveur d’Azoth Systems via le smartphone pour donner des informations visant à améliorer la prochaine plongée, à façonner sa décompression personnalisée, adaptée à sa pratique et à sa physiologie. (2 mesures -pour éviter les erreurs de manip’- de 30s prises entre 30min et 1h après la plongée) Attention, ce n’est pas un dispositif médical apte à dire « je suis OK, je peux forcer ».

Un profil personnel en ligne présente donc les plongées effectuées, un index qualitatif (prenant en compte le niveau de bulles mesuré pour chacune) et donne donc par simulation quelles auraient été les changements dans l’index en fonction d’options paramétrables (allonger le temps de paliers, réduire la profondeur, passer aux mélanges…) : ce modèle individuel permet donc par la suite de modifier sa pratique pour savoir ses limites et donc d’établir ses propres paramètres de décompression selon la sévérité de la plongée !

SEVERITE DE LA PLONGEE - Mesures individualisées

Oui, sévérité de la plongée. Non il n’y a pas de risque de baffe (cela dépend seulement de l’état d’énervement du binôme…).
Le grand nombre d’accidents analysés a permis de faire apparaitre le nouveau paramètre de « sévérité » ou rapport entre une occurrence d’accidents selon les paramètres physiques profondeur/temps au fond/durée de la remontée/gaz respirés etc. : ce paramètre regroupe les autres en fait, cela simplifie les discussions !
Ce classement a permis de déterminer des « modes de bullage » présentant des écarts statistiques à la moyenne sur plus de 10 000 plongeurs, suivis selon un protocole au cours du temps, avec des mesures de bulles post-plongées et indice de sévérité.
Bullage Faible = faible présence de bulles, ils en font tout de même à partir d’une certaine sévérité de la plongée mais moins que la moyenne. Les bulles ne sont remarquables que dans un court laps de temps car rapidement éliminées.
Bullage intermédiaire = comme son nom l’indique…
Bullage supérieur = présence de bulles en quantité significative qui peuvent rester détectables car mettent du temps à être évacuées.
En fait, la valeur prédictive des bulles est nulle… Désolé, mais dire « Niveau de bulles élevé post-plongée = ADD assuré » est faible statistiquement. Quelle déception face à l’intuition après ces explications !
Mais par contre l’inverse est complètement vérifié ! « Pas de bulles = Procédure de plongée de qualité » avec risque d’accident réduit est vérifié et confirmé.
C’est le principe de l’application et du traitement par simulation (publication scientifique en cours) : donner au plongeur des informations pour éventuellement le faire progresser en lui permettant de juger d’un niveau de qualité de sa pratique et en lui indiquant par simulation l’influence de chaque option disponible.

Ceci est réalisé selon des réactions déterminées statistiquement :
3 à 5 plongées sont nécessaires selon la pratique pour que cette calibration soit effective .
Une fois son modèle personnel calibré, pourquoi acheter l’appareil alors ?

Car la qualité de la pratique varie dans le temps ! De nombreux facteurs, pas toujours quantifiables, influent : condition physique, entrainement, fatigue, âge… et même selon la corpulence actuelle (régime en cours ?) ou simplement l’état de stress ! Ce n’est pas UN profil et UNE catégorie par personne, mais une MULTIPLICITE dépendant des cas. Plus l’on fait de mesures, plus l’on augmente la base de données connectée visant à améliorer encore les modèles (déjà solides) mais surtout permettra à terme de construire sa propre table de plongée mouvante !
Après une première phase de béta-tests auprès de plongeurs qualifiés (Frédéric Swierczynski, Xavier Meniscus et Alban Michon entre nombreux autres) qui ont été ou vont être choisis parmi des profils particuliers pour utiliser le produit et bien en qualifier les usages avant la commercialisation effective cet été, des clubs de plongée seront également sélectionnés pour monter les futures offres afin que le plongeur « normal » puisse profiter de cette nouvelle technologie.
Ce qui est recherché, ce n’est pas un panel de performance, mais une forte implication et un réel retour d’expérience ! Tout plongeur intéressé et motivé peut postuler pour participer aux prochaines versions et faire évoluer le modèle, il suffit de partager et… de l’utiliser !

EN CONCLUSION

Il serait bon alors d’avoir fait quelques plongées avec mesures d’O’Dive pour calibrer un modèle individuel, qui indiquerait la marche à suivre plonger sereinement en restant dans ses limites personnelles, limitant la présence de bulles dans son cas précis.

Présentation complète de ce nouveau matériel et informations supplémentaires lors du lancement qui aura lieu au Mourillon (Toulon)le 3 Mai 2018 (contact@azoth-systems.com Tél: +33 9 67 53 41 94 I ).

 

Auteur du texte: Jeremy DELILLE

Photos de Frederic SWIERCZYNSKI: Florian LAUNETTE

Illustrations et autres photos de O'Dive

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