Fred Scamaroni, destin d’un résistant et d’un ferry

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De nombreux aficionados de la plongée vont dans ce monde bleu pour découvrir des vestiges, des épaves, des souvenirs d’une époque lointaine. Ces lieux, souvent gorgés d’histoire, sont également de super récifs artificiels pour le développement de la faune et de la flore. Ces lieux sont très prisés par les amateurs de photographie. 

L’histoire de Fred Scamaroni

Bien avant de démarrer notre histoire sur ce bateau, revenons sur ce nom “Fred Scamaroni”. Né, en Corse, à Ajaccio, en 1914, il est connu pour avoir été un résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. D’abord Aviateur, puis soldat et enfin résistant, il retourne plusieurs fois au combat malgré ses blessures. Résistant à Vichy, il crée le réseau Copernic. Ceci, lui vaut d’être condamné à mort par la Gestapo, il fuit en Angleterre et se retrouve affecté à l’état-major du Général de Gaulle. En tant que membre des Forces Françaises combattantes, il réalise diverses missions pour la France Libre

L’Italie fasciste occupe, depuis novembre 1942, la Corse. Fred Scamaroni décide de lancer une insurrection. Accompagné et organisé, il change de nom : François-Edmond Severi. Malheureusement, il fut trahi en échange d’argent. Emprisonné et torturé, il décide de se suicider pour garder ses secrets.

À titre posthume, il est reconnu mort pour la France*.  

Le ferry “Fred Scamaroni” puis Salem Express, une fin tragique.

Au début des années 60, la Méditerranée est un lieu d’échange entre les divers pays, le tourisme augmente et le besoin d’avoir des paquebots plus adaptés et mieux équipés se fait sentir. En effet, les ferrys ne permettent pas de dormir et sont peu confortables pour des longs trajets. 

Le Fred Scamaroni comporte toutes ses améliorations : des couchettes, des espaces aménagés pour se ressourcer (fauteuils Pullman), de l’air conditionné et plus d’espaces pour le garage. Les hélices et le moteur sont également innovants pour l’époque et permettent d’améliorer la vitesse (20,5 noeuds). 

La Compagnie générale transatlantique et les Forges et Chantiers de la Méditerranée signent le contrat, le 15 janvier 1963. Les travaux démarrent le 30 novembre 1964, à la Seyne-sur-Mer. La coque du bateau est remorquée aux chantiers de Port-de-Bouc pour être achevée. Mais les finitions seront effectuées, de nouveau, à la Seyne-sur-Mer.

Long de cent mètres, ce paquebot connut en 1964, un premier destin funeste avec un incendie survenu peu avant sa livraison. Retardé d’un an, il sera inauguré par le Grand chevalier de l’ordre de la Libération, le 23 mai 1966, à Marseille. Pour cette occasion, l’effigie de Fred Scamaronie est placée à bord. 

Il réalise son premier voyage commercial entre Marseille et Bastia, un mois plus tard, le 14 juin. Mais une nouvelle avarie va mettre ce ferry en réparation pour 15 jours. Suite à une mauvaise manœuvre, le 20 janvier 1967, il percute un quai, à Ajaccio. Au cours de ses voyages entre Marseille et la Corse, d’autres avaries surviendront. (incendies, tempêtes…) 

Vendu à partir de 1979, à d’autres compagnies, où il relie la France et l’Angleterre, il terminera sa vie de ferry sous le nom du Salem Express. Samatour Shipping Compagny sera la dernière compagnie qui le racheta en 1988. Il navigue entre les ports de Safaga en Egypte, et Jeddha, en Arabie Saoudite

Un drame tragique, survenu le 17 décembre 1991 sera son dernier voyage. Peu après minuit, le ferry percuta le récif de Hamdallah (ou Hyndman), à 11 kilomètres de la côte égyptienne. Les victimes, essentiellement, des pèlerins égyptiens revenant de la Mecque, sont au nombre de 470 pour seulement 180 survivants. Les entrées du bateau furent scellées et celui-ci repose maintenant à une trentaine de mètres de profondeur. Depuis, les coraux, les éponges et tout autres espèces se sont développés. Un nouvel écosystème s’est créé et fait, maintenant, le bonheur des plongeurs. 

Salem Express – crédits : Henri Eskenazi
Salem Express – Crédits : Henri Eskenazi

Lorsque vous plongez sur des épaves, nous vous invitons à rester prudent.

Salem Express – Crédits : Henri Eskenazi

NB : « Mort pour la France » est une mention honorifique posthume ajoutée à l’état-civil d’une personne pour récompenser son sacrifice au service de la France.

 

Pour continuer la lecture, nous vous invitons à découvrir celle de l’expédition de John Franklin

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