La Posidonie, une plante marine aux multiples pouvoirs !

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Amoureux de la mer que nous sommes, nous n’avons pas pu passer à côté. Verte dans l’eau, desséchée sur nos plages, nous procurant une sensation désagréable lorsque nous sortons de notre baignade, la Posidonie est le poumon de la Terre ! 

Souvent appelée par défaut “Algue”, elle est pourtant une plante marine. Cette pépite verte inestimable et irremplaçable s’observe uniquement chez nous, en Méditerranée.

Photographie d’un herbier de Posidonie tirée de l’article publié par Laurence Ledireach, le 17 mars 2013 sur le site du GIS Posidonie, intitulé « Posidonie : mesures de gestion des herbiers ».
Article visible sur Gis posidonie 

La Posidonie, une vieille histoire d’évolution

Son histoire est intéressante : comme beaucoup le savent déjà, toutes les plantes terrestres sont, un jour, sorties de leur vie aquatique, la Posidonie en faisait partie. Seulement, cette plante à fleur devenue terrestre côtière, qui a passé des millions d’années à s’adapter à la vie hors de l’eau est retournée à la vie aquatique, en gardant ses caractéristiques terrestres ! Ce qui en fait une des seules plantes à fleurs marines (ce qu’on appelle « une angiosperme marine »), est la seule représentante de sa famille.

Une plante marine, mais pourquoi en faire tout un foin ?

La Posidonie (Posidonia oceanica de son nom scientifique), vit entre la surface et 40 mètres de profondeur, est une plante qui joue un rôle primordial dans de nombreux domaines : la production d’oxygène, le captage du CO2, la richesse de la biodiversité, le ralentissement du réchauffement climatique, l’acidification des océans, la stabilisation des fonds marins, l’amortissement des vagues, le dépôt des particules sédimentaires, la lutte contre l’érosion et le maintien de nos plages, et j’en passe… ! Pour rentrer un peu plus dans les détails, en plus de son écosystème, la Posidonie absorbe une quantité phénoménale de CO2 grâce à sa photosynthèse (environs 830 kg au km² par an, soit jusqu’à 41 500 000 kg par an au total), soit trois fois plus que les forêts tropicales et les forêts tempérées à surface égale. Ce qui en fait une espèce indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’acidification des océans !
L’autre bienfait de sa photosynthèse est la production d’oxygène. En effet, la Posidonie a la capacité de produire en moyenne 14 litres d’oxygène par m² par jour, soit au total 250 000 000 000 litres par an ! Ce qui en fait le plus gros producteur d’oxygène au monde, d’où son nom de « véritable poumon de la terre ».

Vous comprenez maintenant, qu’elle a plus qu’un rôle, elle est unique, fragile et primordiale pour notre planète et pour nous !

Comment reconnaître la Posidonie ?

Représentation schématique de la structure d’un herbier de posidonies. (d’après BOUDOURESQUE & MEINESZ, 1982)

Cette prairie verte, “herbier”, ondule au grès des courants avec ses tiges verticales et horizontales qu’on appelle « des rhizomes », d’où partent des grandes feuilles. Les rhizomes ont une croissance très lente (entre 5 et 10 cm par an) et sa densité permet aux juvéniles de nombreuses espèces de poissons, de crustacés et de céphalopodes de s’y cacher des prédateurs et d’y vivre jusqu’à atteindre leur taille adulte. On dit que l’herbier fait office de nurserie, ce qui fait de la Posidonie, l’écosystème marin le plus riche en biodiversité au monde ! 
Lorsque les rhizomes et les feuilles meurent chaque automne, comme sur terre, soit, ils dérivent jusqu’à la plage, soit ils tombent au sol et constituent ce que l’on appelle « une matte morte ». Les feuilles sur les côtes servent de refuge et de nouvel écosystème à de nombreuses espèces de crustacés et d’insectes côtiers, tandis que la matte morte va permettre à l’herbier de Posidonie de se consolider et de se surélever pour bénéficier un peu plus du soleil, rien ne se perd ! 
Ce tas de feuilles appelé “Banquette de Posidonie” permet également de stabiliser le sable et de favoriser la création de dunes. Ce rôle a pour conséquence de limiter l’érosion de nos côtes.

Effectivement, mis bout à bout, cette plante est “magique”, à chaque moment sur son cycle de vie, elle a un rôle essentiel pour notre biodiversité, nos côtes et pour nous. C’est à ce moment précis, que vous vous dites “mais pourquoi les municipalités retirent la posidonie des plages ?” La réponse est écrite dans l’introduction de cet article “la sensation désagréable sur vos jambes à la sortie de l’eau” mais pour beaucoup, un tas de feuilles desséché est considéré comme non-attractif pour les touristes. 

Malgré une réglementation stricte, la Posidonia oceanica disparaît

Les causes sont principalement : la pollution, l’anthropisation du littoral (travaux, bétonnages, création de digues, …), les activités de pêche et les ancres de bateaux qui fauchent des dizaines de m² à chaque ancrage. Les dernières recherches font état de 34% de la surface de la Posidonie ayant disparu sur ces 50 dernières années.
Aujourd’hui, la Posidonia oceanica est protégée au niveau européen et mondial. Elle a été déclarée « site d’importance communautaire » par une directive de l’Union européenne, elle fait également partie de la Directive Habitats de l’Union européenne et de la Convention de Berne, et fait l’objet d’actions de conservation comme la Convention RAMSAR et de nombreuses études dans le monde… Autant dire que si vous êtes pris à détruire de la Posidonie, vous risquez gros !

Mais de récentes études indiquent qu’elle devrait disparaître dans le prochain siècle, laissant un futur bien pessimiste pour notre chère Méditerranée.

Comment Agir ?

Il existe des gestes simples et accessibles à tous pour aider à la conservation de cet écosystème exceptionnel : devenez une sentinelle de la mer en partageant vos observations, participer aux actions de sensibilisation, formez-vous aux nouvelles techniques d’ancrage, soyez prudent… Il appartient à chacun de faire partie de cette nouvelle génération, la génération qui a pour vocation de préserver sa planète, de sauver des vies et de donner à nos enfants l’occasion de voir la richesse de nos océans.

Et n’hésitez pas à prendre une loupe et observer toute la microfaune présente dans les Banquettes de Posidonie ! 

Plus d’informations sur : Gis Posidonie

Article rédigé par Julien Richard – Biologiste marin

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